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Visite du conseil de la fondation Reverdir le Sahara au Sénégal, 2 au 5 février 2020

Vue aérienne de la Grande Muraille Verte au Sénégal (Raid Latécoère)

Sur l’initiative de son Président Pierre-Marcel Favre, le conseil de la fondation Reverdir le Sahara a tenu sa première séance au Sénégal, à l’occasion d’une visite de la Grande Muraille Verte (GMV). La délégation du conseil était composée de Pascal Couchepin, Pierre Lamunière, Raymond Lorétan, Pierre-Marcel Favre et Jean-Edouard Buchter. Elle était accompagnée de Christian Rappaz, journaliste, de Sedric Nemeth photographe et de Emile Diop, vicaire de l’Archevêque de Dakar, qui servit de guide et conseiller local pendant tout le séjour. Outre les rencontres avec les personnages clés que nous citerons, le séjour fut l’occasion d’une visite sur un site de la Grande Muraille Verte, à l’est de Saint-Louis.

Visite à la Grande Muraille Verte

Le principe de la Grande Muraille Verte est en pleine reconversion, mais l’essentiel reste en point de mire : le reverdissement de la campagne du Sahel sénégalais. Le concept de la plantation de grandes forêts fut abandonné quelques années après le lancement de la GMV en 2007, pour faire place à un concept beaucoup plus réaliste du point de vue sociétal, celui des villages paysans clôturés, entourés par des étendues de steppe dédiées aux troupeaux. Une synergie s’installe entre les cultivateurs et les bergers. Ceux-ci ne pénètrent pas sur les territoires cultivés et protégés par des clôtures. Ils bénéficient du foin coupé sur les territoires agricoles,  qui leur est livré contre des produits de l’élevage. Cet échange permet de ne pas piétiner les terres agricoles et de limiter la transhumance des troupeaux, ce qui aboutit à une sédentarisation des bergers, dont les enfants peuvent dès lors être scolarisés. C’est une de ces écoles que nous avons pu visiter. Au bord de la fermeture, son effectif était passé de dix élèves à 150 élèves lors de la création des nouveaux écovillages. L’inversion de l’exode rural permet donc un renouveau sociétal.

Dans la région de Mbar Toubab que nous avons visitée, le grand écueil est cependant le manque d’eau pour l’arrosage. La nappe phréatique, située dans le bassin de Guiers est abondante. Cependant l’eau pompée dans cette nappe suffit à peine à abreuver les troupeaux et manque pour l’arrosage des cultures, d’où une stagnation de l’effort de reverdissement.

Le manque de puits se fait donc cruellement sentir. Un équipement en foreuses serait par conséquent une part de la solution immédiate. Une autre issue serait certainement le recours massif à la méthode du zaï mécanisé : le recours à la charrue « dauphin » de Vallerani aurait une grande efficacité pour optimiser l’eau de la saison des pluies. (Le « zaï » est une méthode basée sur la rétention de l’eau de pluie par des cuvettes creusées dans le sol. Voir le livre Reverdir le Sahara de Jean-Edouard Buchter p. 47 et suivantes) Nous avons constaté que des essais avec la charrue Vallerani sont effectués sur place par l’association belge OZG.  Un conseiller en « rétenteurs d’eau » était aussi sur place. (Les rétenteurs d’eau sont des granules hydrophiles qui s’agglomèrent aux racines des plantons, permettant à l’eau de rester près des racines.)

Rencontres

Di 2 fév. 8h
MM. Oumar Ba et Sidi Ba

Oumar Ba,
Maire de Ndiob,
Président du réseau des villes et communes vertes et écologiques du Sénégal
Président du conseil de surveillance de l’agence sénégalaise pour la reforestation et la grande muraille verte.
Sidi Ba,
Cadre de Concertation des Producteurs d’arachide.

Ces deux personnes illustrent la dynamique populaire à propos de l’environnement qui, au Sénégal aussi, se met en place, non seulement dans les concepts, mais aussi dans des actions concrètes et individuelles. M. Oumar Ba expose son activité de plantation d’arbres, notamment fruitiers dans chaque propriété des villages engagés dans son réseau. Son intérêt fut immédiat pour la charrue « dauphin » de Vallerani.

Di 2 fév. 18h
M. Mahamat Abdoulaye

Ancien ministre du Tchad ayant eu plusieurs portefeuilles importants dans son pays, M. Mahamat  Abdoulaye, d’ethnie Toubou, fut en concurrence avec le dirigeant actuel du Tchad pour le poste de président. Il vit actuellement en exil à Dakar. Il abonde dans le sens des buts de notre fondation. M Abdoulaye insiste sur l’abondance des ressources souterraines en eau dans son pays. Et il nous assure de son soutien dans la diffusion du concept « reverdir le Sahara ».  Mais il met en garde contre les difficultés à sortir de la spirale de la violence au Tchad, Etat qui consacre actuellement énormément de ressources au secteur militaire.

Lu 3 fév. 14h
Visite au village de Mbar Toubab

Le village de Mbar Toubab, situé 150 km à l’Est de Saint Louis, est au centre d’une parcelle de reboisement de la GMV, dans la province de Louga. Nous y avons rencontré M. Malick Sow, de la Fédération des Producteurs agricoles de Louga Fapal. L’armée joue un rôle important dans le combat pour le reverdissement, d’où la rencontre avec le colonel Gora Diop et le sergent Goudiaby, qui a exposé les contraintes de l’agriculture et notamment le défaut d’irrigation qui pénalise actuellement son développement. Une association belge, OZG, y fait des essais avec la charrue « dauphin » de Vallerani. L’école dont nous avons parlé nous y a accueillis par une cérémonie impressionnante et touchante de lever des couleurs, organisée par son instituteur, qui introduit une pédagogie très inspirée de la nature et de l’écologie.

Ma 4 fév. 16h
Mgr. Benjamin Ndiaye, Archevêque de Dakar

Mgr. Ndiaye nous explique la forte implication des religions chrétienne et musulmane dans la prise de conscience écologique et citoyenne des Sénégalais. Les autorités religieuses sont au fait des défis actuels concernant la désertification, et travaillent d’un commun accord sur ce plan. Leur audience est déterminante auprès de la population.

M. l’abbé Emile Diop, vicaire épiscopal, a accompagné notre délégation durant tout le séjour au Sénégal et fut d’une aide constante comme personne du pays.

Me 5 fév. 8h
M. Ali Haïdar

M. Haïdar est Directeur de l’Agence nationale de la reforestation et de la Grande Muraille Verte. Fondateur de l’Océanium de Dakar, il a, à ce titre, œuvré à la préservation de la faune et de la flore côtière du Sénégal, puis à la réhabilitation des mangroves. En 2012, 15’600 ha de mangrove étaient replantées. M. Haïdar entreprit aussi la lutte contre la déforestation et la reconstitution de la forêt tropicale, en particulier en Casamance.

Selon Ali Haïdar, les nappes aquifères d’eau douce dans le Nord du Sénégal sont abondantes et exploitables. Elles se situent en moyenne entre 50 et 60 mètres de profondeur et nécessitent donc pour leur exploitation des foreuses allant jusqu’à 150m. Le besoin actuel porte donc sur des foreuses et aussi sur des machines à clôturer.

M. Haïdar préconise la création d’oasis de 500 à 1000 hectares, cultivées en agroforesterie, sur trois niveaux : au niveau supérieur des palmiers (dattiers ou autres), au niveau moyen des arbres fruitiers, au niveau du sol des cultures maraichères.

Les chantiers actuels de reforestation bénéficient de la finance par les compensations carbones de grandes industries. Danone finance ainsi un projet de 32 millions d’arbres.

L’effort porte sur des actions très proches de la nature et en harmonie avec les populations locales. Les méthodes observant et utilisant l’apport des animaux sur l’ensemencement sont actuellement au centre des expériences en cours. Un projet actuel est l’utilisation des semences rassemblées en grande quantité lors de certaines cérémonies religieuses.

Me 5 fév. 10h
Mme Marion Weichelt Krupski, Ambassadrice

Son excellence Mme Marion Weichelt Krupski, Ambassadrice de Suisse au Sénégal et dans plusieurs pays de l’ouest africain, nous a accueillis pour un déjeuner à son ambassade. Mme Isabella Pagotto était présente, Directrice de programme pour l’eau de la DDC suisse (Département du Développement et de la Coopération). Madame Pagotto a apprécié le livre Reverdir le Sahara et juge notre action à priori très positive.

Me 5 fév. 11h
M. Abdou Karim Sall, Ministre

Monsieur Abdou Karim Sall, Ministre de l’environnement et du développement durable, nous apprend que le concept de Grande Muraille Verte n’est plus limité à une bande de terre située au Nord du pays, mais consiste à travailler sur toute la surface du pays. L’effort de la population doit devenir général. « Ce n’est pas une utopie, mais une ambition forte pour tout le pays. C’est le référentiel de notre politique sociale ». Cela va mobiliser 50 milliards de CFA et la création de milliers d’emplois. On compte sur une base de 5 arbres plantés par habitant. De nouvelles pépinières vont être créées. Concernant la déforestation, des négociations sont en cours avec la Gambie. Tout transport de bois est en principe interdit.

Le 11 février 2020
J.-E. Buchter, secrétaire de la fondation Reverdir le Sahara

Rencontre du 8 janvier 2020 avec le club UNESCO de Fribourg.

La rencontre a eu lieu à l’Espace 25 du Boulevard de Pérolles à Fribourg. Elle était organisée conjointement par :

  • Monsieur Jean-Baptiste de Weck, anciennement directeur du bureau de l’UNESCO pour l’hémisphère occidental à la Havane, fondateur du club UNESCO de Fribourg,
  • Madame Andréa Wassmer, députée au Grand Conseil fribourgeois, présidente du club UNESCO de Fribourg,
  • Narcisse Niclass, fondateur de Invention.ch, association dont le but est le soutien de l’innovation et de l’invention.

Après un exposé des grandes lignes du concept et de la fondation Reverdir le Sahara, les participants de cette rencontre en ont reconnu et souligné les caractères judicieux, innovant et humainement porteur. Plusieurs contacts furent établis, notamment avec de jeunes personnes qui ont proposé de diffuser une description du livre sur les réseaux sociaux.

Entretien du 7 janvier 2020 avec M. Laouali Labo, Ambassadeur du Niger en Suisse, Autriche et Liechtenstein, Représentant Permanent auprès de l’ONU à Genève, Vienne et à l’OMC.

Monsieur Labo souscrit entièrement à la thématique du livre Reverdir le Sahara. Il a la certitude que ce livre sera très bien accueilli en Afrique, et particulièrement dans les pays sahéliens.Il l’a déjà conseillé et distribué dans plusieurs instances compétentes. Son souhait est que le concept porté par ce livre pénètre les milieux publics, techniques, gouvernementaux  et diplomatiques africains.  Pour cela, il suggère que la Fondation Reverdir le Sahara s’applique à organiser sa diffusion en Afrique.

M. Labo est disposé à soutenir une pénétration du concept Reverdir le Sahara dans les milieux scientifiques africains, tels par exemple l’Observatoire du Sahara et du Sahel à Tunis, et dans les milieux compétents et gouvernementaux du Niger (par exemple une rencontre à Niamey). L’accès à l’organisation de L’Unité Africaine pourrait s’ensuivre.

La ville de Niamey abrite le centre agro-hydrométrique (AGRHYMET)  créé par l’Organisation météorologique mondiale. Ce centre est un organe  du CILSS (Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel).

Le Niger est un pays qui a l’avantage d’avoir pris en compte les populations rurales depuis longtemps, c’est-à-dire depuis la décolonisation. Le résultat est que le 80% de la population est encore rurale. L’exode rural a été évité plus que dans la plupart des pays du Sahel. Ce tissu social sera un atout dans la reconquête verte du territoire.

Un autre atout du Niger est la très grande quantité d’eau souterraine encore exploitable, due à l’eau de ruissellement des montagnes de l’Aïr et à la nappe souterraine du fleuve Niger. Des études et des projets hydrologiques sont à développer fortement. La région du lac Tchad en revanche souffre d’une sévère sécheresse, ce qui fait espérer une solution liée au projet de transfert de l’eau de l’Oubangui vers le Chari.

Monsieur Labo est ouvert à l’idée que des territoires actuellement désertiques puissent être aménagés pour accueillir des populations déplacées.

Selon M. Labo, le cœur du problème djihadiste est l’absence de perspectives pour les jeunes, engendrant frustration et désespoir. Un plan de revitalisation du territoire, engendrant emploi et prospérité est la solution la plus efficace à ce problème. Les questions migratoire et terroriste, ainsi que le problème environnemental intéressent aussi l’Europe et le monde. C’est la raison pour laquelle le partenariat eurafricain est fondamental. Le fait que la fondation Reverdir le Sahara soit portée initialement par des Suisses, pays non colonial et confédéral, est de nature à donner confiance et à être bien accueilli en Afrique.